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Sunday, July 5, 2020

Buveurs de lait et mangeurs de viande au néolithique - Sciences et Avenir

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Cet article est issu du magazine Sciences et Avenir n°880, daté juin 2020 "Covid-19 : ce que l'on sait et ce qu'il nous reste à découvrir".

De la viande au sud, du lait au nord ! C'est l'étonnante ligne de fracture tracée par une étude de cinq années qui a porté sur l'évolution des modes de consommation alimentaire chez les populations d'agriculteurs et d'éleveurs arrivées dans l'ouest de l'Europe il y a 7.500 ans. L'étude s'est fondée sur l'analyse moléculaire de résidus alimentaires conservés dans plus de 246 poteries recueillies sur 24 sites de fouilles répartis sur toute la façade maritime européenne de la péninsule Ibérique à la Baltique occidentale, comme le rapporte la revue Current Anthropology.

Elle a été menée par une équipe dirigée par Miriam Cubas Morena, préhistorienne des universités d'York (Royaume-Uni) et d'Oviedo (Espagne) qui a examiné les traces des lipides (graisses) consommés par ces premières populations agropastorales. Les résidus de produits laitiers (fromages, fromages frais type faisselle…) se sont révélés particulièrement fréquents dans les poteries provenant des îles Britanniques, de France ou encore de la Baltique occidentale. Ils sont plus rares dans ce qui est aujourd'hui l'Espagne et le Portugal, ce qui suggère que les caprins (moutons et chèvres) y étaient élevés de préférence pour leur viande. La consommation de lait y était beaucoup moins importante qu'à des latitudes plus hautes, en Irlande, Grande-Bretagne ou Normandie. Un constat inattendu.

Des différences d’alimentation qui pourraient expliquer celles de la tolérance au lactose

"Les agriculteurs du néolithique qui ont colonisé les régions du Nord, au climat plus rude, ont peut-être trouvé dans le lait de vache, riche en vitamine D et en matière grasse, les avantages nutritionnels dont ils avaient besoin", explique Gregor Marchand, préhistorien, directeur de recherche CNRS et enseignant à l'université Rennes-I, cosignataire de l'article. Les auteurs estiment également que ces différences d'alimentation pourraient expliquer que la tolérance des adultes au lactose soit aujourd'hui plus élevée parmi les populations du nord de l'Europe que parmi celles du sud.

Peu de preuves concernant les produits de la mer

Plus étonnant encore, les résidus culinaires du néolithique ont livré peu de preuves de consommation d'aliments d'origine marine dans des zones littorales où la mer fournissait pourtant des ressources abondantes. Et cela alors que poissons et coquillages étaient mangés en quantité par les populations de chasseurs-cueilleurs- pêcheurs du mésolithique, quelque 2500 ans plus tôt. Seule exception : les populations d'agriculteurs de l'ouest de la Baltique chez qui les produits de la mer rivalisaient avec les produits laitiers. Néanmoins, les chercheurs restent prudents : "Dans les régions atlantiques, les ressources marines ont peut-être été transformées selon d'autres procédés de cuisson", et leur trace s'est perdue, explique Gregor Marchand.




July 05, 2020 at 08:13PM
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